« Deux alternatives à la hausse des taux pour contrer l’inflation existent »

Op-Ed
Only in French | In "Le Monde", Gilles Dufrénot (AMSE/AMU/FEG/Cepii) proposes not to engage in an anti-inflation policy but rather to avoid overindebtedness.
March 22nd 2022

Dans une tribune publiée dans "Le Monde" le 22 mars 2022, Gilles Dufrénot (AMSE/AMU/FEG/Cepii) propose de ne pas s'engager dans une politique anti-inflation mais d'éviter plutôt le surendettement. 

 

► Retrouvez la tribune complète publiée sur le site du journal Le Monde

 

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L’inflation est-elle bientôt de retour ? Le contexte actuel de flambée mondiale des prix de l’énergie et des denrées alimentaires rend possible l’apparition prochaine d’une inflation structurelle supérieure à la cible habituelle de 2 % fixée par les banques centrales.

Les effets pervers attendus d’une remontée des taux aux Etats-Unis, dans la zone euro ou au Japon pour contrer l’inflation naissante sont connus : désendettement forcé, risques d’hémorragie de capitaux dans les pays émergents et handicap à la reprise économique consécutive aux plans de relance budgétaire.

Pourtant, deux alternatives à une politique de hausse des taux directeurs existent.

 

4 %, 5 %, voire 10 % ?


La première consiste à rehausser la cible d’inflation des banques centrales, tout en maintenant les taux nominaux actuels à des niveaux bas. Plutôt que s’engager dans une politique anti-inflationniste, c’est tout le contraire qu’il faudrait faire, afin de mettre durablement les économies sur une trajectoire où l’inflation structurelle soit plus élevée que ce qu’elle fut au cours des deux dernières décennies.

La cible doit-elle être remontée à 4 %, 5 %, voire 10 % ? Le chiffre mérite d’être discuté pour répondre aux deux urgences du moment : faire baisser les taux d’intérêt réels afin de stimuler l’investissement dans les secteurs porteurs de croissance à long terme (numérique et transition écologique), et réduire la valeur réelle des dettes privées et publiques.

La prochaine crise qui nous guette n’est pas l’excès d’inflation, mais une crise de surendettement. Dans la zone euro, la dette privée des ménages et des entreprises non financières dépasse 120 % du produit intérieur brut (PIB). Au Japon et aux Etats-Unis, elle est supérieure à 150 % du PIB. La dette publique de nombreux pays industrialisés évolue au-dessus de 100 % du PIB.

L’histoire nous a appris qu’une manière de liquider des montagnes de dettes est de combiner un peu d’inflation avec des taux d’intérêt nominaux bas. Cette stratégie a permis historiquement aux pays industrialisés de réduire leur endettement massif au sortir de la seconde guerre mondiale et d’engager leur économie sur les sentiers de croissance élevée des « trente glorieuses ».

 

Des effets redistributifs


La combinaison d’une inflation modérée et de taux d’intérêt bas aurait comme premier avantage de préserver la soutenabilité des dettes publiques en maintenant les taux d’intérêt réels au-dessous des taux de croissance. Cela atténuera les effets pervers des consolidations budgétaires à venir en évitant de trop peser sur une demande globale déjà atone.

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