Faut-il davantage de forfaits dans la rémunération du médecin généraliste ?

Tribune
Le débat sur la rémunération des acteurs de santé est ouvert depuis la remise fin janvier du rapport de Jean-Marc Aubert, patron de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé. La concertation lancée ensuite sur ce thème par Agnès Buzyn touche à sa fin. Mais sans attendre les décisions de la ministre, il est clair que la logique forfaitaire devrait progresser, notamment dans le mode de paiement du médecin généraliste. Le Quotidien a sollicité les avis de deux experts économistes sur cette question. L’un et l’autre reviennent sur l’intérêt, mais aussi la difficulté de l’entreprise. Et posent comme un préalable, la nécessaire protocolisation des pratiques et des parcours.
18 avril 2019

Le rapport propose de passer des modèles principalement basés sur l’activité (paiement à l’acte en médecine générale par exemple) à des paiements suivant diverses formules (ou « forfaits ») pour rémunérer la qualité et la pertinence des soins, le suivi de l’ensemble des soins, etc. dans la droite ligne d’une démarche de qualité. 

Pour l’économiste de la santé à l’Université Paris Dauphine, Claude Le Pen, de telles mesures sont certes louables, mais leur mise en pratique s’avère difficile. L’hétérogénéité des conditions d’exercice rend difficile la mise en place de forfaits pluri-professionnels (ceux qui répartissent un budget fixe entre tous les intervenants du suivi thérapeutique). Cela nécessite la mise en place de négociations interprofessionnelles. 

Pour Bruno Ventelou, économiste de la santé au CNRS et à Aix Marseille Sciences Economiques, la mise en place des forfaits pourrait être une bonne réponse aux besoins d’organisation et de régulation du système, mais la répartition du budget qui lui est associée s’avère complexe. De nombreuses questions restent en suspens et devraient certainement passer par la protocolisation des prises en charge.  


Deux tribunes de Claude Le Pen et de Bruno Ventelou dans Le Quotidien. 

Lire l’article ici 

 

Articles précédents

  • Interview

« Travestir les chiffres est la marque de fabrique des populistes »

Une interview d'Alain Trannoy (EHESS/AMSE) publiée par Le Point.
21 juin 2024
  • Dialogues économiques

À quel prix ? Calculer l’impact du changement climatique — aujourd’hui et demain

Largement méconnu en dehors des cercles universitaires, le taux d’actualisation social (TAS) est essentiel pour comprendre la valeur future des investissements dans les infrastructures. Bien que particulièrement pertinent dans un monde menacé par le changement climatique, les gouvernements et les économistes ont longtemps débattu du taux d’actualisation à utiliser, ou même de la nécessité d’un taux fixe. Les économistes Christian Gollier, Frederick van der Ploeg et Jiakun Zheng ont récemment sondé l’opinion, au sein de leur profession, sur le taux d’actualisation social. Entre l’importance théorique des taux d’actualisation spécifiques aux projets et la réticence à modifier les taux dans la pratique, leurs conclusions valent la peine d’être écoutées — surtout si l’on considère la nécessité d’élargir le débat au-delà de l’économie.
19 juin 2024
  • Dialogues économiques

Construire son identité sur un terrain miné

L’exploitation minière peut-elle influencer notre façon de nous identifier ? Selon les économistes Nicolas Berman, Mathieu Couttenier et Victoire Girard, l’exploitation minière en Afrique contribue à intensifier les sentiments d’appartenance ethnique, en générant des sentiments de privation dans la population locale. L’activité minière pourrait donc participer à expliquer la fragmentation ethnique et certains conflits observés en Afrique Sub-Saharienne.
05 juin 2024