Avec un rôle historiquement marginal, les labels prennent de plus en plus d’importance dans l’enseignement supérieur. Des économistes de NEOMA Business School et d’Aix-Marseille School of Economics viennent de démontrer l’impact de ces « indicateurs de qualité » sur l’attractivité des grandes écoles de commerce. L’effet le plus fort s'observe en cas de possession de la « triple couronne », les trois labels les plus prestigieux.
Un label est un indicateur de qualité. Qu’il prenne la forme d’une étiquette, d’un logo ou encore d’un pictogramme, il renseigne sur le respect de normes (éthique, écologique, de fabrication…) par des produits, des services et des institutions. Commun dans des domaines comme l’alimentation (AOP, AOC, Label Rouge…) ou encore les entreprises (Great Place to Work, Top Employer, ISO 9001…), leur rôle est encore marginal dans l’enseignement supérieur.
Au sein d’un paysage dominé par les classements, à l’image du classement de Shanghai pour les universités, des accréditations des grandes Écoles de Commerce prennent de plus en plus de place dans les choix d’orientation des étudiants. Le trio qui tire son épingle du jeu depuis une vingtaine d’années se compose de l’European Quality Improvement System (EQUIS), l’Association to advance collegiate schools of business (AACSB) et l’Association of Masters of Business Administration (AMBA). À ce jour seuls treize établissements français jouissent de la « triple couronne », la possession de ces trois labels.
Julien Jacqmin (NEOMA Business School) et Mathieu Lefebvre (Aix-Marseille School of Economics) se sont intéressés à l’influence de ces accréditations dans le choix des futurs étudiants des Grandes Écoles de commerce françaises.
À partir des accréditations des écoles de commerce et des choix d’orientations des étudiants de 2004 à 2019 établis via la procédure centralisée du SIGEM, ils sont parvenus à la conclusion que l’obtention d’au moins une des trois accréditations majeures a un impact similaire à une progression allant d’un à quatre rangs dans le classement des Écoles de Commerce publié par le magazine L’Étudiant. De plus, ces effets sont aussi partiellement cumulables, le gain d’influence le plus important étant observé lors de l’obtention de la « triple couronne ». Ils varient aussi dans le temps avec un pic d’attractivité entre la troisième et la sixième année après obtention suivi par une diminution progressive.
Ces résultats démontrent que dans un contexte où ils sont peu présents, les labels de qualité peuvent jouer un rôle important sur les préférences des étudiants pour les différentes écoles.
► Référence scientifique : Jacqmin J., Lefebvre M., 2021, "The effect of International accreditations on students’ revealed preferences : Evidence from French business schools", Economics of Education review, 85, 102192.
Revue de presse
"Les étudiants préfèrent les accréditées", L'essentiel du Sup, n°56, janvier 2022, p.6 : Lire l'article
"L’effet « triple couronne » sur l’attractivité des écoles mesuré par deux chercheurs de Neoma et AMU", News Tank, le 11/01/2022 : Lire l'article
"2021 Brought The Best Job Outcomes In Nearly A Decade At This Top Business School", Poets & Quants, P&Q Staff, 11/01/2022 : Lire l'article (en anglais)
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Mathieu Lefebvre (AMU/FEG/ALSE)